Ne pas être sorti de l'auberge
Signification
Ne pas en avoir fini avec les difficultés ou les ennuis.Origine
Voilà une expression du XIXe siècle en apparence étrange, car il semble difficile d’associer les ennuis avec une auberge, généralement destinée à être accueillante.
Il nous faut donc nous tourner vers l’argot des voleurs pour comprendre le sens de cette expression.
En effet, dans ce monde-là, le terme auberge désigne la prison, ce lieu où le voleur trouve gîte et couvert, comme dans une auberge, une fois qu’il a été capturé et condamné.
Autant dire qu’une fois qu’il y est enfermé, non seulement il est loin d’en avoir fini avec les ennuis de la captivité, promiscuité et sévices divers, entre autres, mais il aura beaucoup de mal à en sortir de son propre chef.
Se croire sorti de la cuisse de Jupiter
Signification
Se prendre pour quelqu'un de remarquable, d'exceptionnel. Être imbu de soi-même.Origine
Jupiter, tout le monde connaît.
Pas la cinquième planète du système solaire, mais le dieu de la mythologie romaine dont elle tire d'ailleurs son nom.
Chez les grecs (dont la mythologie est parallèle à la romaine), le même dieu s'appelait Zeus, et nous allons rester dans les noms grecs pour raconter comment Dyonisos, futur dieu du vin, est sorti de la cuisse de Zeus, donc de Jupiter.
Dionysos est né d'une aventure extra-conjugale de Zeus avec Sémélé.
La troisième femme de Zeus, Héra, horriblement jalouse de constater la grossesse de Sémélé, lui prétendit que Zeus n'était en réalité qu'un horrible monstre.
Sémélé supplia alors son amant de se laisser voir nu, dans toute sa puissance, pour vérifier les dires d'Héra.
Mais Séméné, qui n'était qu'une pauvre mortelle, ne supporta pas la vue des éclairs entourant son amant et se mit à brûler comme une torche.
Zeus arriva à extraire le petit Dionysos du ventre de sa mère, bien avant le terme de la gestation. Comme il n'y avait pas encore d'incubateurs à l'époque, il enferma l’enfant à l'intérieur de sa propre cuisse pour le protéger jusqu'au jour prévu pour la naissance.
Trois mois plus tard Dionysos naquit, pour de bon cette fois, parfaitement formé.
Comme quoi les dieux étaient vraiment fortiches en ce temps là.
L'expression ne conserve de cette histoire que la supériorité des dieux (qui chez nous, pauvres humains, aurait eu l'astucieuse idée de planquer un prématuré dans sa cuisse ?), celui qui se croit sorti de la cuisse de Jupiter ayant tendance à se prendre pour un dieu vivant.
Sucrer les fraises
Signification
Être agité d'un tremblement nerveux. Être gâteux.Origine
Qui se délecte de bonnes fraises fraîches, sait que, armé d'une main d'une coupe pleine de ces fruits rouges et de l'autre d'une cuillère à sucre, il faut secouer la seconde au-dessus de la première afin d'obtenir d'excellentes fraises au sucre.Le geste ainsi fait rappelle malheureusement celui qui agite les membres de personnes, généralement âgées, atteintes d'une maladie dégénérative qui provoque des tremblements incontrôlés.
C'est par une plaisanterie un tantinet douteuse que ces mouvements ont été assimilés à celui du sucrage des fraises pour donner naissance à notre expression.
Aurélien Scholl, journaliste et auteur dramatique connu de la seconde moitié du XIXe, évoque un militaire à propos duquel il écrit ceci :
« Cinquante années d'absinthe lui ont donné un tremblement tel que, lorsqu'il veut se verser à boire, le liquide secoué se répand comme une pluie autour du verre.
- C'est désagréable, d'un côté, a dit le colonel ; mais, quand je prends la passoire avec du sucre en poudre... on peut voir combien cette infirmité devient précieuse pour sucrer les fraises. »
Nous trouvons donc là une parfaite explication de l'association familière entre ces tremblements qui touchent les personnes âgées et l'action de sucrer des fraises.
Extraits du dictionnaire des expressions françaises.
Si vous en voulez plus, allez ICI.
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